[...]
J'étais alors en proie à la mathématique.
Temps sombre ! enfant ému du frisson poétique,
Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux,
On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux ;
On me faisait de force ingurgiter l'algèbre ;
On me liait au fond d'un Boisbertrand(*) funèbre ;
On me tordait, depuis les ailes jusqu'au bec,
Sur l'affreux chevalet des X et des Y;
Hélas, on me foui-rait sous les os maxillaires
Le théorème orné de tous ses corollaires ;
Et je me débattais, lugubre patient"'
Du diviseur prêtant main-forte au quotient.
De là mes cris. Un jour, quand l'homme sera sage,
Lorsqu'on n'instruira plus les oiseaux par la cage,
Quand les sociétés difformes sentiront
Dans l'enfant mieux compris se redresser leur front,
Que, des libres essors ayant sondé les règles,
On connaîtra la loi de croissance des aigles,
Et que le plein midi rayonnera pour tous,
Savoir étant sublime, apprendre sera doux.
[...]
Paris, mai 1831. Les Contemplations
(*) Bois-Bertrand (ici orthographié Boisbertrand) : auteur d'un manuel d'algèbre.
il a l'air tracassé! on sait maintenant pourquoi il a des rides
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