Voici un article paru le 26/10/09 sur UdeMNouvelles, le site de l'Université de Montréal.
On dit des stéréotypes qu'ils ont la vie dure, mais il en est au moins un qui serait en train de changer: l'idée selon laquelle les garçons seraient meilleurs que les filles en mathématiques n'aurait plus cours chez les adolescents de 14 à 16 ans. Même que la perception favorable aux garçons serait en train d'être renversée au profit des filles.
C'est ce que montrent les travaux de doctorat d'Isabelle Plante, réalisés au Département de psychopédagogie et andragogie sous la direction de Manon Théorêt et Olga Favreau.
La doctorante a voulu savoir qu'elle était l'opinion des élèves d'aujourd'hui à l'égard de deux perceptions qui seraient les produits de stéréotypes sociaux: les mathématiques comme discipline où les garçons réussissent mieux que les filles et le français comme chasse gardée des filles. «Les choses étaient perçues ainsi dans les années 70, mais on ne savait pas comment les jeunes voient les choses à présent, souligne Isabelle Plante. Mes travaux sont les premiers à revoir ces stéréotypes.»
Revirement en mathématiques
Près de 1000 garçons et filles francophones de 6e, 8e et 10e année ont accepté de répondre à 32 questions sur chacune des deux disciplines.
En 6e année, les garçons jugent que les mathématiques sont un domaine davantage masculin que féminin dans une proportion de 75 %. Mais en 8e et 10e année, seulement la moitié des garçons pense ainsi, alors que l'autre moitié pense le contraire. «La tendance à croire que les filles sont plus à l'aise que les garçons en mathématiques est même légèrement plus forte, mais sans être significative», précise Isabelle Plante.
Quant aux filles, leur opinion est la même aux trois années scolaires: 75 % d'entre elles trouvent que les mathématiques leur conviennent mieux qu'aux garçons.
Selon la chercheuse, d'autres études montrent ce même revirement de perception en France, aux États-Unis et en Australie. Comment l'expliquer? «C'est peut-être le reflet d'un changement social, avance la professeure Manon Théorêt. Dans les années 70, on combattait beaucoup moins les stéréotypes qu'aujourd'hui.»
Unanimité à l'égard du français
Du côté de la perception des habiletés langagières, ce que les chercheuses considèrent comme un stéréotype n'a par contre pas changé. «La perception est unanime aux trois années, tant chez les garçons que chez les filles; dans l'ensemble, 98 % des élèves pensent que c'est une discipline qui convient mieux aux filles», mentionne Isabelle Plante.
Même si cette recherche ne visait pas à expliquer la perception mais à en vérifier l'état, Mmes Plante et Théorêt avancent trois causes possibles de la persistance de ce stéréotype au regard de la langue: la perception est peut-être fondée sur le rendement scolaire réel, les filles réussissant probablement mieux que les garçons en français; la médiatisation des difficultés scolaires des garçons, qui conduit ces derniers à penser que l'école n'est pas faite pour eux; et le reflet d'un stéréotype voulant que l'école soit pour les filles.
Peut-on vraiment parler de stéréotypes si la perception reflète la réalité du rendement ou les préférences des élèves? «Un stéréotype est une généralisation, explique Isabelle Plante. Nous visons à ce que les jeunes fondent leur choix de carrière sur leurs habiletés plutôt que sur des idées préconçues; les stéréotypes exercent un effet délétère sur leur choix.»
Selon Manon Théorêt, la réussite des filles en mathématiques illustre que «le stéréotype social est plus fort que les faits puisqu'elles sont moins nombreuses à choisir des disciplines scientifiques».
Malgré tout, ce sont les garçons qui ont besoin d'encouragement pour persévérer à l'école et qui devraient recevoir une attention spéciale, concluent les deux chercheuses. C'est particulièrement le cas en français puisque la langue est à la base des autres disciplines dont les mathématiques.
Isabelle Plante a bénéficié d'une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ces travaux de même que pour le postdoctorat qu'elle poursuit présentement à l'Université de New York sur la menace des stéréotypes à l'endroit du rendement scolaire.
Daniel Baril
On dit des stéréotypes qu'ils ont la vie dure, mais il en est au moins un qui serait en train de changer: l'idée selon laquelle les garçons seraient meilleurs que les filles en mathématiques n'aurait plus cours chez les adolescents de 14 à 16 ans. Même que la perception favorable aux garçons serait en train d'être renversée au profit des filles.
C'est ce que montrent les travaux de doctorat d'Isabelle Plante, réalisés au Département de psychopédagogie et andragogie sous la direction de Manon Théorêt et Olga Favreau.
La doctorante a voulu savoir qu'elle était l'opinion des élèves d'aujourd'hui à l'égard de deux perceptions qui seraient les produits de stéréotypes sociaux: les mathématiques comme discipline où les garçons réussissent mieux que les filles et le français comme chasse gardée des filles. «Les choses étaient perçues ainsi dans les années 70, mais on ne savait pas comment les jeunes voient les choses à présent, souligne Isabelle Plante. Mes travaux sont les premiers à revoir ces stéréotypes.»
Revirement en mathématiques
Près de 1000 garçons et filles francophones de 6e, 8e et 10e année ont accepté de répondre à 32 questions sur chacune des deux disciplines.
En 6e année, les garçons jugent que les mathématiques sont un domaine davantage masculin que féminin dans une proportion de 75 %. Mais en 8e et 10e année, seulement la moitié des garçons pense ainsi, alors que l'autre moitié pense le contraire. «La tendance à croire que les filles sont plus à l'aise que les garçons en mathématiques est même légèrement plus forte, mais sans être significative», précise Isabelle Plante.
Quant aux filles, leur opinion est la même aux trois années scolaires: 75 % d'entre elles trouvent que les mathématiques leur conviennent mieux qu'aux garçons.
Selon la chercheuse, d'autres études montrent ce même revirement de perception en France, aux États-Unis et en Australie. Comment l'expliquer? «C'est peut-être le reflet d'un changement social, avance la professeure Manon Théorêt. Dans les années 70, on combattait beaucoup moins les stéréotypes qu'aujourd'hui.»
Unanimité à l'égard du français
Du côté de la perception des habiletés langagières, ce que les chercheuses considèrent comme un stéréotype n'a par contre pas changé. «La perception est unanime aux trois années, tant chez les garçons que chez les filles; dans l'ensemble, 98 % des élèves pensent que c'est une discipline qui convient mieux aux filles», mentionne Isabelle Plante.
Même si cette recherche ne visait pas à expliquer la perception mais à en vérifier l'état, Mmes Plante et Théorêt avancent trois causes possibles de la persistance de ce stéréotype au regard de la langue: la perception est peut-être fondée sur le rendement scolaire réel, les filles réussissant probablement mieux que les garçons en français; la médiatisation des difficultés scolaires des garçons, qui conduit ces derniers à penser que l'école n'est pas faite pour eux; et le reflet d'un stéréotype voulant que l'école soit pour les filles.
Peut-on vraiment parler de stéréotypes si la perception reflète la réalité du rendement ou les préférences des élèves? «Un stéréotype est une généralisation, explique Isabelle Plante. Nous visons à ce que les jeunes fondent leur choix de carrière sur leurs habiletés plutôt que sur des idées préconçues; les stéréotypes exercent un effet délétère sur leur choix.»
Selon Manon Théorêt, la réussite des filles en mathématiques illustre que «le stéréotype social est plus fort que les faits puisqu'elles sont moins nombreuses à choisir des disciplines scientifiques».
Malgré tout, ce sont les garçons qui ont besoin d'encouragement pour persévérer à l'école et qui devraient recevoir une attention spéciale, concluent les deux chercheuses. C'est particulièrement le cas en français puisque la langue est à la base des autres disciplines dont les mathématiques.
Isabelle Plante a bénéficié d'une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour ces travaux de même que pour le postdoctorat qu'elle poursuit présentement à l'Université de New York sur la menace des stéréotypes à l'endroit du rendement scolaire.
Daniel Baril
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