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28 septembre 2011

Talents et tabous des enseignants par D.Seux


Dominique Seux est rédacteur en chef France et international au journal Les Échos. Les sujets de ses chroniques quotidiennes sont essentiellement liés à la macro-économie, mais aujourd'hui il se penche sur la situation du système scolaire.

Deux spécificités françaises : le nombre d’heures de cours assurées par les enseignants et la densité d’écoles sur le territoire. Mais sans vraies réformes, le "un sur deux" est arrivé au bout de sa course.

La grève très suivie de ce mardi exprime un réel mécontentement sur un sujet qui est véritablement explosif tant l’attente est forte du côté de la société et tant le métier des enseignants est difficile : les moyens de l’éducation nationale. Ce qui est compliqué est que l’on entend actuellement deux thèses radicalement divergentes. D’un côté, Luc Chatel dit et redit qu’il y a vingt ans, il y avait 600.000 élèves de plus et 40.000 enseignants de moins qu’aujourd’hui, donc que des économies sont possibles ; de l’autre, les syndicats affirment que 65.000 postes en moins depuis 2007, trop c’est trop.

Qui a raison ? Le dernier rapport de l’OCDE sur le sujet dit deux choses.
  1. Depuis quinze ans, les moyens de l’éducation ont progressé en France moins vite que dans beaucoup de pays ;
  2. En 2008 (il n’y a pas plus récent, les choses ont pu évoluer), ces moyens étaient quand même encore supérieurs à la moyenne des grands pays développés, surtout au lycée. Seuls la Corée et les Etats-Unis dépensaient plus. Voilà donc un tableau moins caricatural qu’on ne croit.

Qu’en est-il du nombre d’enseignants ? Il est clair que le lien entre les moyens et les résultats du système scolaire n’est pas totalement automatique, sinon cela se verrait plus. Mais il est clair aussi que la baisse arithmétique des effectifs, le fameux « un sur deux » mis en œuvre depuis 2007, ne peut pas aller beaucoup plus loin sans des modifications de fond, structurelles. Parce que si la France dépense plus d’argent que d’autres pays tout en ayant l’impression – du côté des enseignants et des parents – d’être plus pauvre en moyens, c’est qu’elle a certaines spécificités bien à elle.

Lesquelles ?

1 - Les statistiques de l’OCDE montrent que dans le secondaire le nombre d’heures d’enseignement est plus faible en France qu’ailleurs. Au collège, hors heures supplémentaires (pas si négligables que cela et défiscalisées), ce nombre est de 642 heures par an, contre 701 en moyenne – et 756 en Allemagne. Ce qui est vrai pour le secondaire ne l’est pas pour primaire, où c’est l’inverse, il y a ici beaucoup plus d’heures qu’ailleurs dans le monde.

2 - L’autre particularité concerne le nombre d’établissements. La France compte deux fois plus d’écoles primaires que l’Allemagne. La moitié d’entre elles ont moins de cinq classes, et peu d’élèves. C’est un choix de proximité, d’aménagement du territoire, mais coûteux.

Si on veut jouer les provocateurs, les “ bons ” débats sur l’éducation en 2012 seraient :

  • La difficile question du nombre d’écoles, de leur taille : une autre répartition permettrait d’avoir plus de postes dans les banlieues difficiles ;
  • Il y a aussi la question des options, trop nombreuses au lycée ;
  • Il y a enfin la question du nombre d’heures et l’étalement des cours, en clair le raccourcissement des vacances, couplé avec de meilleurs salaires. Un détail : le nombre de jours de cours des enseignants dans l’année est tellement tabou que la France est le seul pays – le seul ! – qui n’a pas fourni de données officielles à l’OCDE… 

3 commentaires:

  1. Et que pense la prof de maths des différents points abordés dans cette excellente chronique ?

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  2. La prof va aller dormir, il parait que la nuit porte conseil...

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  3. Merci à l'excellentissime prof de maths d'avoir mis cette (courte) pensée sur son blog. Un sujet difficile et passionnel, sur lequel il est difficile d'avoir une opinion définitive. La parole doit donc revenir en priorité aux enseignants. J'attends donc leurs réactions !
    Dom

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