Cet article reprend le pourquoi du thème de la semaine des maths 2012 ; il est issu du blog Peut mieux faire :
La
semaine des maths, du 12 au 18 mars, encourage les élèves et les
enseignants à réfléchir à l’éloignement progressif entre les filles et
les opérations mathématiques, en se posant une question fondamentale :
pourquoi elles ne veulent pas faire des maths ?
Les filles n’osent pas les maths. Pourtant, elles sont meilleures que
les garçons en la matière dès le collège, car plus « scolaires ». c'est
après que ça se gâte.
les raisons évoquées sont multiples. Les choix des filles seraient
surtout influencés par les stéréotypes, très nombreux. Plusieurs de ces
préjugés sont véhiculés notamment… par les problèmes de maths !
« En 1998, deux problèmes étaient proposés au bac : dans le premier
il s’agissait de calculer le pourcentage de perte de poids d’une fille,
alors que le deuxième mettait en scène un garçon jouant en bourse. Ces
stéréotypes font penser aux filles que les maths ne sont pas faites pour
elles », explique Véronique Slovacek-Chauveau, vice-présidente de
l’association Femmes et Mathématiques. Le stéréotype majeur sur les
filles et les maths est bien connu : « Les garçons en sciences, les
filles en littérature, vers des matières où il y a plus de sensibilité,
de créativité, d’imagination », résume Cédric Villani, mathématicien
médaillé Fields. « Mais les sciences sont bourrées de sensibilité et de
créativité ! », insiste-t-il.
Les faits prouvent que ces stéréotypes ont une vraie influence sur
les choix d’orientation : au bac généraliste 57% des élèves sont des
filles, alors qu’en S le pourcentage tombe à 48%. En spécialité maths,
elles ne constituent que 40% des élèves. A un niveau plus élevé, la
section des mathématiques au CNRS était, en 2009, l’une des moins
féminisées
« Les maths, trop dur pour moi »
Les professeurs ne sont pas indemnes à ces préjugés. En général, ils
interrogent davantage les garçons, les filles étant moins bavardes en
cours. En maths, ils ne posent pas les mêmes questions aux uns et aux
autres, sans en avoir forcément conscience : « Aux filles on pose les
questions plus scolaires, aux garçons celles qui poussent davantage à la
réflexion », explique Véronique Slovacek-Chauveau, qui se reconnaît
elle-même victime de ces préjugés. Les filles sont donc rarement mises
en difficulté par leurs professeurs, mais c'est loin d’être un avantage
pour elles-mêmes et pour les maths.
Enfin, filles ou garçons, les jeunes élèves ne sont pas assez
encouragées à poursuivre sur la voie du travail et de la rigueur,
préconisés par les mathématiques. Martin Andler, président de
l’association Animath et professeur des universités, évoque un épisode
survenu dans son académie : « Une de mes collègues, prof de maths, a vu
sa meilleure élève de seconde changer d’avis sur son orientation au
dernier moment. Initialement elle voulait faire S, puis en conseil de
classe elle demande ES. En questionnant l’élève, cette dernière avoue : «
La prof nous a souvent dit qu’il faut bien travailler pour faire S,
donc j’ai pensé que les maths, cela serait trop dur pour moi ». » Cet
épisode montre que les filles se découragent beaucoup plus facilement
que les garçons face à la difficulté d’une filière.
Selon Claudie Haigneré, présidente d’Universcience, cela s’explique
par le fait que les filles « ont moins confiance en elles, par
conséquent il faut les aider à oser, à franchir le cap ». Elles
nécessitent du soutien du professeur aussi bien que des résultats
scolaires : en caricaturant un peu, il leur faut un 18 en maths pour
choisir une filière scientifique. Bon courage… les filles !
Sophie Esposito
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