Pour ceux qui auraient la mémoire courte, j'ai déjà parlé plusieurs fois du Prix Abel. 
Cette année, c'est l'Américain  John Milnor, de l'Université de Stony Brook, qui est distingué pour  « ses découvertes pionnières en topologie, géométrie et algèbre ».
Attention, ce qui suit est très technique...
En 1956, en étudiant la  sphère de dimension sept, J. Milnor a découvert un objet mathématique  exotique : une variété qui est homéomorphe à la sphère de dimension  sept, mais qui ne lui est pas difféomorphe, situation qui n'existait pas  en dimension inférieure et qui était totalement inattendue. En termes  moins techniques, cela signifie que cette variété peut être transformée  continûment (c'est-à-dire sans déchirures, si l'on pouvait regarder  cette transformation à partir d'un espace extérieur de dimension plus  grande) en une sphère, mais que la transformation comporte  nécessairement des changements brutaux (la transformation n'est pas  différentiable). « La découverte de J. Milnor a ouvert un nouveau  chapitre des mathématiques, la topologie différentielle en grande  dimension », souligne Valentin Poenaru, mathématicien de l'Université  Paris-Sud et spécialiste du domaine. Depuis, J. Milnor a montré avec le  mathématicien français Michel Kervaire (décédé en 2007) que la sphère de  dimension sept a 28 structures différentiables distinctes, que ce  nombre est égal à 2 en dimension huit, à 8 en dimension neuf, à 6 en  dimension dix, à 992 en dimension 11, etc. Cette suite de nombres est  reliée à d'autres phénomènes topologiques ainsi qu'à certains domaines  de la théorie des nombres.
Ces travaux et bien d'autres, qui portent sur la topologie algébrique  (propriétés de la sphère, des nœuds...), sur l'algèbre (rythme de  croissance d'un groupe engendré par concaténation d'un nombre fini  d'éléments), sur la dynamique holomorphe (étude de l'itération  d'applications définies sur les nombres complexes), etc., font de J.  Milnor l'un des grands mathématiciens du XXe siècle. « C'est  la seule personne qui a une très grande maîtrise de la topologie dans  tous ses aspects : différentiel, algébrique, géométrique », estime V.  Poenaru. Un prix Abel bien mérité.
Source : Maurice Mashaal, Pour la science 
 
 
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2 commentaires:
J'ai pas tout compris, mais j'ai hâte de le pouvoir !
c'est effectivement un peu technique :-)
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