Blog destiné à tous les "amatheurs" de culture et d'histoire, d'humour et de citations, de calcul mental et d'énigmes, de sorties mathématiques et d'actualité sur le système scolaire.
Etant en congé jusqu'à... la prochaine rentrée scolaire de septembre, je me dépêche de me renseigner sur le calendrier des vacances de 2013-2014. Il vient de paraître sur le site Education.gouv.fr :
Rentrée des enseignants
Zones A, B et C : lundi 2 septembre 2013
Deux demi-journées (ou un horaire équivalent), prises en dehors des
heures de cours, seront dégagées, avant les vacances de la Toussaint,
afin de permettre de prolonger la réflexion engagée lors de la
journée de prérentrée.
Rentrée scolaire des élèves
Zones A, B et C : mardi 3 septembre 2013
Une journée de cours sera rattrapée :
pour les élèves qui ont cours le mercredi matin : le mercredi 13
novembre 2013 après-midi et le mercredi 11 juin 2014 après-midi
pour les élèves qui n’ont pas cours le mercredi matin : - soit le mercredi 13 novembre 2013 toute la journée - soit le mercredi 11 juin 2014 toute la journée Le choix de cette date est arrêté par le recteur d'académie.
Toussaint
Zones A, B et C : du samedi 19 octobre au lundi 4 novembre 2013
Noël
Zones A, B et C : du samedi 21 décembre 2013 au lundi 6 janvier 2014
Hiver
Zone A : du samedi 1er mars au lundi 17 mars 2014
Zone B : du samedi 22 février au lundi 10 mars 2014
Zone C : du samedi 15 février au lundi 3 mars 2014
Printemps
Zone A : du samedi 26 avril au lundi 12 mai 2014
Zone B : du samedi 19 avril au
lundi 5 mai 2014
Zone C : du samedi 12 avril au lundi 28 avril 2014
Début des vacances d'été
Zones A, B et C : samedi 5 juillet 2014
Les enseignants appelés à participer aux opérations liées aux examens
sont en service jusqu'à la date fixée pour la clôture de ces examens
par la note de service établissant le calendrier de la session.
Et du côté des archives ?
Consultez en ligne le calendrier des vacances scolaires de quand votre papa était petit... (les archives remontent à 1960 !) : Cliquez ici
"Ces fainéants de profs en vacances tout le temps..." Il n'y a pas loin à chercher pour tomber, au détour d'une conversation, d'un discours politique
ou d'un commentaire sur Internet, sur une critique du temps de travail
des enseignants. Trois syndicats (Snuipp-FSU, SE-UNSA et SGEN-CFDT)
viennent d'ailleurs de demander au ministre de l'éducation nationale, qui pilote une réflexion sur la réforme des temps scolaires, une redéfinition des temps de service des enseignants. Ils réclament notamment que soit mieux comptabilisé le travail hors classe. UN DÉCRET DE 1950
Comment est comptabilisé le temps de travail des enseignants ? La chose est assez complexe, et repose toujours sur un décret qui date du 25 mai... 1950, même s'il a été précisé par un texte de 2007.
Il précise que "les membres du personnel enseignant dans les établissements du second degré sont tenus de fournir, sans rémunération supplémentaire, dans l'ensemble de l'année scolaire, les maximums de services
hebdomadaires suivants : A) Enseignements littéraires, scientifiques,
technologiques et artistiques : Agrégés : quinze heures ; Non agrégés :
dix-huit heures". Pour l'enseignement technique ou artistique, on passe à 20 heures.
Suivent de nombreux articles précisant ces "maximums de service hebdomadaire", qui peuvent être "majorés d'une heure"
pour les enseignants qui ont moins de 20 élèves, ou à l'inverse minorés
au-delà de 40 élèves. De même, il existe un statut particulier dit "de première chaire", qui permet de voir son temps diminué d'une heure pour certains professeurs (philosophie, mathématiques,
enseignants qui travaillent en classes préparatoires...) ou certains
cas spécifiques. De même, certains cas (enseignants ayant à gérer un
laboratoire ou du matériel particulier) prévoient des décharges
horaires.
Le cas des instituteurs est à part : les décrets définissant leur
charge de travail, 24 heures de cours plus 3 heures d'activités diverses
(aide personnalisée, travail d'équipe...), sont plus récents et datent de 2008. A lire
le seul décret de 1950, on comprend que le temps de cours des
enseignants est de 18 heures par semaine, plus ou moins une heure, et
hors vacances. De quoi attirer les rancœurs. Mais la réalité est plus complexe. PLUS D'HEURES DE PRÉPARATION ET DE CORRECTION QUE D'HEURES DEVANT LES ÉLÈVES
Ce que le décret fixe, ce sont les heures de cours, où l'enseignant est physiquement devant les élèves. Mais pour donner
des cours, il faut les préparer, ce qui prend du temps. Dans l'esprit
des législateurs de 1950, ces 15 à 18 heures de cours hebdomadaires
correspondaient à 1 h 30 de préparation effectuée par ailleurs. Ce qui
aboutissait à un temps de travail total de 37 à 45 heures, soit à peu
près la législation sur le travail en vigueur à l'époque. Et qui n'a pas
changé depuis.
Selon une enquête menée en 2002 par l'éducation nationale, et se basant sur les déclarations de 806 enseignants, ces derniers estimaient travailler
entre 39 h 30 et 41 heures en fonction de la discipline et du corps,
dont 15 à 19 heures d'enseignement et 11 h 30 à 17 h 55 de travail de
chez eux.
En moyenne, les professeurs interrogés estimaient effectuer
environ 8 heures de préparation de cours, 6 heures de correction, 2
heures de documentation, et comptaient encore 4 heures entre travail
avec d'autres enseignants, suivi, dialogue avec les parents... en plus
des heures de présence devant les élèves.
Ces chiffres sont sujets à variations en fonction des disciplines. Toujours selon cette enquête,
les enseignants de lycée déclarent plus d'heures travaillées que leurs
homologues en collège (22 heures hors classe contre 19 h 25), et les
littéraires plus que les scientifiques (24 heures contre 19 heures,
toujours hors classes). Assez logiquement également, les enseignants
d'éducation physique et sportive (EPS) et d'arts plastique ou de musique travaillent moins à domicile que les autres (14 heures par semaine en moyenne). LES ENSEIGNANTS TRAVAILLENT DURANT 20 JOURS DE VACANCES
Et les vacances ? Autre cliché vu et revu : les enseignants ont
toutes les vacances scolaires. Effectivement, ils ne travaillent "que"
durant les 171 journées de classe qu'effectuent les élèves. Mais la même
logique s'applique : les enseignants travaillent aussi durant leurs
journées de vacances. Toujours selon l'enquête de l'éducation nationale,
en moyenne, les enseignants déclarent consacrer 20 jours de congés par an à leur travail.
Il existe en revanche un mythe qui a la vie dure, celui des
enseignants qui seraient payés sur dix mois, étalés sur douze. Il
remonterait à la fin des années 1940, est très difficile à prouver. Et la plupart des syndicats n'y accordent pas foi, et expliquent que le décret de 1948, qui fixe la rémunération des fonctionnaires, n'en fait aucunement mention. ET À L'INTERNATIONAL ?
Les enseignants français sont-ils privilégiés ? Pas vraiment au
regard de ce qui se pratique à l'étranger. Les comparaisons
internationales sur le temps de travail des enseignants, comme celle effectuée par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) placent la France dans la moyenne basse des pays de l'OCDE, derrière l'Angleterre, l'Allemagne, les Etats-Unis ou l'Espagne, mais devant l'Italie, la Corée, le Japon ou la Hongrie.
Les enseignants français donnent 918 heures de cours par an en
primaire, 642 en collège et 628 en lycée, contre 805, 756 et 713 en
Allemagne, et en moyenne 779 (primaire), 701 (collège) et 656 (lycée)
dans l'OCDE. La France a cependant une certaine disparité. Ses
enseignants de primaire font ainsi plus d'heures que la moyenne de
l'OCDE ou que les instituteurs allemands.
Sujet phare du JT de 13h aujourd'hui : les premières mesures envisagées par le gouvernement pour favoriser la compétitivité des entreprises françaises, suite au rapport Gallois rendu hier.
Parmi les préconisations, l'évolution des taux de TVA :
Le taux classique passerait de 19,6% à 20%
Le taux dans la restauration et le bâtiment passerait de 7 à 10%
Le taux réduit passerait de 5,5% à 5%
Mais au fait, quels pourcentages (de hausse ou de baisse) cela représente-t-il dans chacun des cas ?
Il s'agit d'un petit exo que j'aurais bien aimé poser à mes élèves de 1°L spé maths... si j'avais repris les cours à la rentrée lundi prochain ;-)
Merci à Marin qui m'a fait suivre ce petit bijou d'humour de prof (d'histoire) trouvé sur un blog du Monde intitulé Alchimie du collège (je cours m'abonner à son flux RSS)
Ne parlons pas des arnaques grossières et peu glorieuses : prétendre qu'on a
malheureusement laissé son paquet de copies sur son bureau alors qu'on
ne les a pas corrigées, expliquer à sa classe qu'elle va aujourd'hui
travailler en autonomie car c'est une compétence essentielle (diantre,
j'ai utilisé le mot compétence) à acquérir alors que vous êtes juste
épuisée par la soirée festive de la veille, raconter des anecdotes sur
vos élèves de l'an dernier quand vous êtes stagiaire... Elles sont le
pendant des arnaques usuelles des élèves. Ces menus mensonges sont assez
véniels et infantiles (pour notre défense, nous, les enseignants, avons
passé presque toute notre vie à l'école). Elles font partie des
filouteries sans effet secondaire.
Mais il y en a d'autres. Éthiques et responsables. Ce sont les arnaques pédagogiques qui
permettent de surmonter avec style la dimension "contre-nature" de
l'enseignement.
L'escamoteur (Bosch)
Eh oui, figurons-nous qu'un élève de 5ème aspire souvent
à tout autre chose que de consacrer deux heures de son temps à l'étude
de la féodalité ou des inégalités face à la santé. Ces fourberies
tiennent de la ruse (à ce titre, lire absolument Les ruses éducatives (ESF
2008) de Yves Guégan). Elles ne se font pas au détriment des élèves.
Elles ne jouent pas sur une quelconque crédulité. Elles permettent
simplement de dépasser les tensions, les incompréhensions, les
blocages, les préjugés, les rapports de force inhérents à
l'enseignement. C'est de l'ordre du fluidifiant pédagogique, c'est une
forme de souplesse aimable et matoise, de grâce qui permet de survoler
bosses et aspérités et d'arriver à son but. C'est, en somme, de
l'élégance éducative, du bel enseignement. Sans force, coercition ni
douleur. A l'Arsène Lupin.
Psautier Chludov
L'une de mes préférées c'est de prétendre qu'un truc a priori rebutant est follement désirable. Avec aplomb. "Si
vous n'arrêtez pas de bavarder, il est hors de question que je vous
fasse le cours promis sur l'iconoclasme byzantin. Vous y perdriez
vraiment car c'est quelque chose d'incroyable, que peu de gens
connaissent et qui n'est même pas au programme, c'est dire si vous êtes
des privilégiés...Mais si vous ne vous en sentez pas dignes, je peux
vous dicter un vulgaire résumé passe-partout sur l'Empire byzantin... ". Là, la classe se tait, elle veut, elle croit vouloir tout savoir de l'iconoclasme
(je trouve ça bien d'entamer ainsi, l'air de rien, dès la 6ème la
question de la représentation possible ou non du divin... hum, hum) (ruse
dans la ruse). Dans le plus grand silence, je leur balance
la différence entre iconolâtrie et iconodoulie, la proskynèse, des
histoires d'images acheiropoïètes, les affres de l'empereur Constantin
Copronyme ("au nom de merde", il aurait chié dans les
fonts baptismaux lors de son baptême), je leur explique les enjeux et
débats de l'iconoclasme etc... Les élèves tiennent à noter les mots
compliqués (ils adorent ce type de mots qui deviennent ensuite notre
vocabulaires d'initiés, ça crée une belle complicité), se marrent,
posent des questions drôles ou profondes, se passionnent. C'est quand
même un sujet aride et ardu, mais ça passe.
Allégorie de la simulation (Lippi)
Il y a, bien sûr, aussi, la technique inverse. L'anti-teasing. La
contre-pub. Annoncer que le cours va être mortellement chiant. Celui sur
les collectivités territoriales ou sur les institutions européennes est
parfait pour cela. Transformer l'ennui en sketch ("bon, nous n'avons
pas encore touché le fond, il nous reste encore, et j'en suis vraiment
désolée, pardon, à étudier...") permet de passer une heure assez
agréable et efficace.
Quand
il s'agit d'enseignement il est surtout question de méthode,
d'approche, d'étude de cas, d'exploitation du document, de progression
annuelle, de démarche, de marques d'autorité ou de protocoles. On fait
encore trop peu de cas du rôle de la ruse, sans doute parce qu'on
l'entend, à tort, comme une forme de manipulation. Elle représente
pourtant une ligne de transmission un peu sinueuse à l'élégance
bienveillante qui, dans ce monde de brutes, a la politesse de l'humour
et l'efficacité en arabesque. Gentleman professeur.